Après avoir listé les causes majeures de la procrastination dans la section précédente, voici venu le moment de les voir en détail.
La priorité donnée à l’humeur à court terme
Les gens procrastinent parfois parce qu’ils donnent la priorité à leur humeur à court terme plutôt qu’à leur réussite et leur bien-être à long terme. Par exemple, un étudiant peut remettre à plus tard un devoir important qu’il trouve stressant, car cela lui permet de se sentir mieux à court terme.
Ce phénomène se produit principalement lorsque les gens reportent l’exécution d’une tâche qui, selon eux, leur causera des émotions négatives. Cependant, cela peut également se produire lorsque les gens reportent quelque chose à plus tard pour créer, augmenter ou prolonger des émotions positives. C’est généralement ce qui se passe lorsqu’on privilégie par exemple des alternatives divertissantes comme les réseaux sociaux ou d’autres loisirs numériques.
La priorité donnée à l’humeur est une forme de réparation de l’humeur. Elle est étroitement associée aux concepts de retard hédoniste (reporter des choses en raison de la priorité accordée aux activités agréables ou du manque d’intérêt), de gratification instantanée (préférer les choses qui sont immédiatement satisfaisantes même si cela présente des inconvénients à long terme) et de principe de plaisir (tendance à rechercher les activités agréables et à éviter les activités désagréables).
L’aversion pour la tâche
Les gens procrastinent parfois parce qu’ils perçoivent leurs tâches comme désagréables. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard un appel téléphonique désagréable, afin de retarder les émotions négatives que cet appel impliquera.
L’aversion pour les tâches dépend de la perception subjective des gens. Par exemple, les introvertis peuvent trouver une certaine tâche sociale désagréable, alors que les extravertis peuvent la trouver agréable.
Une tâche peut être considérée comme aversive (c’est-à-dire désagréable) pour de nombreuses raisons, notamment parce qu’elle est frustrante, ennuyeuse, monotone ou incertaine (par exemple, parce que ses instructions sont incomplètes ou peu claires).
La peur et l’anxiété
Les gens procrastinent parfois parce qu’ils sont anxieux ou ont peur de quelque chose. Par exemple, une personne peut retarder la vérification de ses factures parce qu’elle a peur de voir combien elle doit payer. De même, un auteur peut retarder l’obtention de commentaires sur son livre par peur d’être critiqué.
Les gens peuvent être anxieux ou avoir peur de beaucoup de choses, comme l’échec ou une évaluation négative par les autres. Ces inquiétudes sont souvent – mais pas toujours – irrationnelles, par exemple parce qu’elles sont injustifiées ou exagérées.
Se sentir dépassé
Les gens procrastinent parfois parce qu’ils se sentent dépassés. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard le nettoyage de sa maison, s’il y a tellement de choses à faire qu’elle a le sentiment qu’elle ne va jamais finir.
Les gens peuvent se sentir dépassés pour de nombreuses raisons, par exemple parce qu’une tâche semble trop difficile ou comporte trop d’éléments, ce qui peut entraîner des problèmes comme le fait de ne pas savoir par où commencer ou de se sentir paralysé par l’énormité apparente de ce qu’il faut faire.
Le perfectionnisme
Les gens procrastinent parfois à cause de leur perfectionnisme. Par exemple, un blogueur peut ne pas accepter la possibilité d’avoir des défauts dans son article (même si ces défauts sont sans importance) et, par conséquent, continuer à revoir l’ébauche de l’article, même après qu’il soit suffisamment bon pour être publié.
Cette attitude est parfois associée à un désir ou à une intention de poursuivre une meilleure option plus tard, par exemple lorsqu’une personne tarde à commencer à faire de l’exercice physique à la maison parce qu’elle prévoit de s’inscrire dans une salle de sport, même s’il serait préférable pour elle de commencer à faire de l’exercice physique maintenant.
La gratification retardée
Les gens procrastinent parfois parce qu’ils veulent obtenir une gratification immédiate. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard la réalisation d’un projet dont elle ne recevra les fruits que dans un mois, parce que ces fruits sont si éloignés qu’ils ne lui semblent pas motivants.
Le fait que la gratification ne soit pas immédiate réduit la valeur perçue des résultats, ainsi que la motivation des personnes à agir. Ce phénomène s’applique aussi bien aux résultats positifs (par exemple, les récompenses) qu’aux résultats négatifs (par exemple, les punitions).
Un délai plus long peut affecter de manière plus importante la valeur des résultats, mais cette association tend à se stabiliser, car plus une gratification est éloignée dans le temps, moins un délai supplémentaire a d’importance. Par exemple, cela signifie que la différence entre un retard d’un jour et d’une semaine entraîne généralement le même résultat qu’un retard d’une semaine et de deux semaines.
La faible motivation
Les gens procrastinent parfois parce que leur motivation à agir est faible. Par exemple, un étudiant peut reporter la révision d’un cours pour un examen s’il ne se soucie pas d’obtenir de bonnes notes.
Divers problèmes peuvent réduire la motivation des gens, notamment :
L’effort attendu
Les gens procrastinent parfois parce que passer à l’action demande un effort qu’ils sont réticents à fournir. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard une tâche parce qu’elle s’attend à ce qu’elle demande beaucoup d’efforts, ce qu’elle ne veut pas faire maintenant.
Plus les gens pensent qu’un effort est nécessaire et plus ils sont réticents à le faire, plus ils sont susceptibles de remettre à plus tard.
L’inertie
L’inertie est la tendance des gens à continuer à faire ce qu’ils font déjà, ce qui peut les amener à continuer à procrastiner une fois qu’ils ont commencé. Par exemple, si quelqu’un sort pour voir ses amis alors qu’il devrait étudier, l’inertie peut l’inciter à continuer de remettre à plus tard, car pour étudier, il devra aussi rentrer chez lui, ce qui demande un effort supplémentaire.
Les objectifs abstraits
Les objectifs qui ne sont pas clairs peuvent rendre les gens plus enclins à la procrastination que les objectifs concrets et bien définis. Par exemple, des objectifs tels que “se mettre en forme” ou “commencer à faire de l’exercice” sont vagues et donc plus susceptibles de conduire à la procrastination qu’un objectif concret tel que “être capable de courir sur le réglage moyen du tapis roulant pendant 30 minutes d’affilée”.
Les objectifs concrets sont particulièrement efficaces lorsqu’ils sont associés à un plan d’action, comme “aller à la salle de sport le lundi, le mercredi et le vendredi juste après le travail, et passer au moins 20 minutes à courir sur le tapis de course à chaque fois”.
Les biais cognitifs
Divers biais cognitifs peuvent conduire à la procrastination. Par exemple, le biais du pessimisme peut conduire à la procrastination si une personne suppose à tort que son projet est susceptible d’échouer, ce qui la décourage de se lancer.
Voici quelques exemples qui peuvent entraîner la procrastination :
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Le biais d’optimisme peut conduire à la procrastination si une personne suppose à tort qu’elle ne rencontrera aucun problème en travaillant, ce qui l’incite à tort à retarder le démarrage jusqu’à la veille de l’échéance. Cela est lié à l’erreur de planification, qui se produit lorsqu’une personne sous-estime le temps qu’il lui faudra pour accomplir une tâche future, tout en sachant que des tâches antérieures similaires ont pris plus de temps que prévu.
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L’autolimitation morale peut inciter quelqu’un à remettre à plus tard une tâche s’il vient d’agir d’une manière qu’il perçoit comme positive, par exemple lorsqu’il se sent à l’aise de remettre à plus tard sa séance de sport parce qu’il a suivi correctement son régime alimentaire plus tôt dans la journée.
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La paralysie de l’analyse (ou paralysie du choix) peut amener quelqu’un à remettre à plus tard sa décision, si son indécision l’oblige à trop réfléchir à la situation chaque fois qu’il essaie de choisir. Cette situation peut être exacerbée par de nombreux facteurs, comme une surcharge de choix due à un trop grand nombre d’options.
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Le biais de projection peut encourager les cycles de procrastination, par exemple si une personne se sent motivée juste avant de s’endormir et qu’elle est sûre d’être aussi motivée le lendemain, ce qui l’empêche de se préparer adéquatement à la procrastination à venir.
Les problèmes de gestion du temps
Certains problèmes de gestion du temps peuvent conduire à la procrastination. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard une tâche importante si elle ne parvient pas à établir correctement la priorité de ses tâches et, par conséquent, ne réalise pas à quel point il est important de terminer cette tâche à temps.
Ces problèmes sont souvent dus à des problèmes sous-jacents de régulation des émotions. Par exemple, si une personne a peur d’une tâche parce qu’elle doute de sa capacité à l’accomplir, elle peut se convaincre que la tâche est plus facile qu’elle ne l’est en réalité, afin de protéger ses sentiments à court terme.
Des traits de caractère problématiques
Certains traits de personnalité peuvent accroître la probabilité de procrastination. Par exemple, deux de ces traits clés sont l’impulsivité (la tendance à agir sur des caprices soudains sans réfléchir à l’avance) et la “distractibilité” (la difficulté à maintenir l’attention et la tendance à être facilement détourné des choses).
En outre, divers autres traits problématiques peuvent favoriser la procrastination, notamment la propension à l’ennui, la sensibilité au retardement des résultats, l’impatience, la paresse, le manque de persévérance, l’insécurité, le manque de confiance en soi et le manque de compassion envers soi-même.
Une faible énergie
Un faible niveau d’énergie mentale et physique peut conduire à la procrastination. Par exemple, une personne peut remettre à plus tard la vaisselle en rentrant chez elle, parce qu’elle est fatiguée d’avoir travaillé dur toute la journée.
Un manque d’énergie peut être causé par divers problèmes, comme le manque de sommeil, l’épuisement professionnel, l’épuisement émotionnel, etc.
Une faible capacité de maîtrise de soi
La maîtrise de soi (également connue sous le nom d’autodiscipline et de volonté) reflète la capacité des personnes à orienter leur comportement afin de poursuivre leurs objectifs, notamment face à des éléments tels que les tentations. Par conséquent, il est essentiel de pouvoir exercer une maîtrise de soi pour réussir à autoréguler son comportement et éviter la procrastination. On dit parfois que la procrastination est due à l’acrasie, qui est un état d’esprit dans lequel une personne agit contre son meilleur jugement, en raison d’un manque de maîtrise de soi.
Divers problèmes peuvent conduire à une faible maîtrise de soi, comme une prédisposition génétique ou encore l’épuisement.
Un environnement problématique
Divers aspects de l’environnement et des situations dans lesquelles évoluent les gens peuvent les rendre plus enclins à la procrastination. Par exemple, un étudiant peut être plus enclin à procrastiner s’il y a de nombreuses distractions et tentations dans son environnement ou s’il se trouve dans un environnement bruyant qui rend difficile la concentration.
De nombreux autres aspects de l’environnement et de la situation d’une personne peuvent favoriser la procrastination, comme le désordre, les horaires de travail décalés, les directives peu claires, le travail non structuré, une mauvaise adaptation à l’organisation, etc.